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Afrique : près de 60 ans après les indépendances, les rêves de sécession courent toujours

Afrique : près de 60 ans après les indépendances, les rêves de sécession courent toujours

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Ce dimanche 1er octobre est dit celui de tous les risques au Cameroun. C’est en effet à cette date que les indépendantistes camerounais ont décidé de proclamer, de façon symbolique, l’indépendance de l’Ouest camerounais, une zone majoritairement anglophone. De quoi mettre à jour la tendance sécessionniste sur le continent.

Les leaders des mouvements indépendantistes dans les deux régions anglophones du Cameroun disent faire l‘écho d’une discrimination persistante dont seraient victimes les populations (environ 20 % de la population camerounaise). Entre autres revendications, la “francophonisation du système anglo-saxon”, la répartition inéquitable des ressources naturelles et des opportunités d’affaires.

Depuis un an, les manifestations se sont succédé pour obtenir du gouvernement la sécession du Cameroun en deux États indépendants. Ce 1er octobre, alors que sera célébrée la réunification officielle du Cameroun proclamée le 1er octobre 1961, les indépendantistes proclameront, eux, la sécession du pays. Une option que craignent bon nombre de Camerounais, y compris dans les régions anglophones. A quelques heures de l‘échéance, les inquiétudes se ravivent.

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Le Biafra, en pionnier des guerres de sécession en Afrique

Chez le voisin nigérian, ce rêve couve toujours. Les mouvements séparatistes affluent de nouveau, plus de 50 ans après la sanglante guerre du Biafra, province orientale du Nigeria. En 1967, cette province qui était alors l’un des quatre États du Nigeria a tenté d’arracher son indépendance en réponse aux massacres perpétués par le Nord islamisé sur les populations igbos d’un Sud largement christianisé et dominant le pays grâce à ses ressources pétrolières (les quatre cinquièmes du pays) ainsi qu’une forte scolarisation. La guerre qui a duré jusqu’en 1970 a fait plus d’un million de morts.

Les indépendantistes biafrais tentent toujours l’opération, mais sont sous pression des autorités gouvernementales. Le président nigérian Muhammadu Buhari est intransigeant sur la question : il ne laissera prospérer aucune menace sur l’unité du pays. Par ailleurs, Nnamdi Kanu, leader de l’IPOB (mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra) reste à ce jour introuvable après que son domicile a été assailli par des hommes armés.

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La Casamance ou l’espoir brisé d’une indépendance

Autrefois région prospère du Sénégal, la Casamance a elle aussi nourri des projets d’autonomie. Région située au sud du Sénégal et majoritairement animiste, la Casamance s’est toujours senti marginalisée. La frontière avec l’enclave gambienne et le manque de lien fort avec le reste du Sénégal ont davantage amplifié ce sentiment de marginalisation.

Entre 1982 et la fin des années 90, des violences ont opposé les indépendantistes et le pouvoir central de Dakar. Mais des négociations de paix, des dissensions au sein même du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance et la mort de ses dirigeants, ont atténué les revendications. La Casamance, traumatisée par ces années de conflit tente de se reconstruire et de se refaire une image, notamment par son agriculture et son tourisme.

L’Afrique de l’Est se taille la part du lion

En Afrique de l’Est, la sécession est un mot bien connu. L‘Érythrée
et le Soudan du Sud qui ont opté pour cette forme la plus radicale d’autodétermination, sont internationalement reconnus. Toutefois, le Somaliland qui s’est autoproclamé indépendant de la Somalie en 1991 est toujours en quête d’une reconnaissance internationale, tout comme sa Constitution du 30 avril 2000.

L’archipel semi-autonome de Zanzibar avait elle aussi, évoqué entre 2012 et 2015 ses projets séparatistes, affirmant ne pas profiter pleinement de l’association avec le Tanganyika qui forme la Tanzanie. Mais de l‘œil de certains observateurs, les récentes découvertes au large du Tanganyika et Zanzibar ont beaucoup à voir avec ces envies de sécession.

La sécession, seule alternative ?

Au-delà de la question d’une redéfinition des frontières que pose la sécession, se pose également la responsabilité des leaders indépendantistes à poursuivre le combat en faisant fi des intérêts personnels au profit de l’intérêt général.

Le cas du Soudan du Sud reste en effet un exemple de sécession ratée. Depuis son indépendance du Soudan en 2011, le pays est le théâtre de l’agitation, de l’effusion de sang, du viol et de la souffrance familiale. Les deux leaders de la guerre d’indépendance ne regardant plus dans la même direction.

Le professeur Nico Steytler et Jaap de Visser du Centre de droit communautaire évoquent des alternatives intéressantes auxquelles pourraient recourir les États pour éviter la sécession. La décentralisation et le fédéralisme sont des pistes à explorer, estiment-ils. Cela garantirait non seulement l’autonomie financière et administrative aux collectivités locales, et contribuerait à la protection de l’unité malgré la diversité.